Objet : Clarification et point de vue de AHA Lëtzebuerg a.s.b.l.

Mesdames, Messieurs,

Après les diverses déclarations relayées dans la presse écrite et parlée, et suite aux abominables attentats à Paris mais également aux atrocités commis à travers le monde par des djihadistes (Boko Haram, ISIS, El-Qaïda et autres), nous aimerions solliciter votre bienveillance par rapport à nos points de vue au sujet de certaines allégations que vous soulevez dans votre droit de réponse que vous avez sollicité auprès de « Paperjam », et qui nous paraissent importantes à clarifier de manière la plus objective.

Tout d’abord, nous aimerions réaffirmer de manière la plus cristalline, tel que déjà explicitement spécifié dans notre première prise de position, que nous nous distançons d’une condamnation générale de la religion musulmane et de leur pratiquants et partant nous sommes vraiment sidérés voire atterrés que vous reprenez l’argument de co-responsabilité de notre association AHA dans des actes antimusulmans. En ce sens, nous assurons que nous désavouons de la manière la plus ferme, chaque acte de violence contre une quelconque communauté de quelque nature qu’elle soit, directe ou indirecte et nous n’avons que dédain pour des manifestations telles que PEGIDA en Allemagne.

Cependant, ayant clarifié cela, nous prenons cependant la respectueuse liberté de vous inviter de manière parallèle à vous inspirer des prises de position très courageuses de vos collègues belges et français qui ont clairement affirmé sans conditionnalité leur appartenance aux valeurs d’une société éclairée et se sont soumis également à un processus d’autocritique salutaire par rapport à l’évolution de la religion musulmane, qui d’après nous, se trouve à un point crucial de son évolution.

En ce sens, les seules choses « sacrées » dans cette affaire qui existent dans nos sociétés ouvertes sont bien la liberté d’opinion, la liberté d’expression et la liberté de pensée. D’ailleurs, comme vous le soulevez bien exactement, celles-ci n’englobent pas la publication de n’importe quoi, étant donné qu’il existe bel et bien des lois qui mettent à notre avis un frein suffisant à toute dérive de la part des médias et d’autres instances. Nous vous signalons par conséquent que nous ne tolérons pas une quelconque muselière par rapport à cet acquis issu de luttes de longue haleine de générations d’européens éclairés, souvent contre les politiques et opinions des églises en place et fréquemment au péril de leur vie.

Force est de constater que les communautés religieuses au Luxembourg, alors qu’elles nous diabolisent malheureusement en tant qu’ennemis avérés de leurs cultes, n’ont rien compris à notre action. Nous sommes d’avis que le phénomène religieux relève du monde privé auquel il doit se cantonner, mais qu’à aucun moment nous voudrions dénigrer une personne voulant pratiquer sa religion, et que la jouissance de cette liberté constitue pour nous un droit fondamental, intouchable et inviolable, mais que l’Etat n’a pas à intervenir de quelque manière que ce soit dans cette pratique. Mais il est également de même de la part des religions à respecter, par parallélisme réciproque, le mode de vie des humanistes, athées et agnostiques et nous pensons que là, il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Au vu de ce qui précède, nous pensons qu’il est grand temps et hautement salutaire que les religions s’ouvrent également à un débat avec les personnes non religieuses, et qu’elles cessent leur dénigrement systématique et souvent sous-jacent qu’une personne non-croyante soit démunie de morale et donc à considérer comme être inférieur par rapport à une personne exerçant une religion. Afin d’étayer cette affirmation, il suffit de considérer vos prises de position communes qui condamnent les actes de violence des extrémistes à l’encontre des croyants d’autres communautés religieuses et qui explicitement délaissent la condamnation de tels actes par rapport aux personnes athées et agnostiques. Une telle démarche est à notre entendement à elle seule contraire à un humanisme érudit que bon nombre de personnalités religieuses veulent afficher de manière outrancière à l’extérieur et finalement ne se targuent donc que dans un altruisme estropié.

En tant que personnes progressistes et philanthropes, convaincues d’une évolution positive de l’humanité, nous espérons que cette lettre impactera de manière substantielle l’entendement que les communautés religieuses devraient avoir de nos actions.

 

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